Venus, Satyre et Cupidon
ANTONIO ALLEGRI da CORREGIO, dit Il Correggio, en français LE CORRÈGE [Corregio, 1489 - 1534]
Venus, Satyre et Cupidon, dit a tort Le Sommeil d’Antiope ou Jupiter et Antiope
Vers 1528, Huile sur toile, 188 x 125 cm
Paris, Musée du Louvre
Cette peinture a été acquise par Louis XIV des héritiers du cardinal Mazarin en 1665.
Le tableau représente Vénus endormie avec son fils Eros. Derrière eux, un satyre est en train de découvrir la déesse. L'œuvre est encore connue de nos jours sous son ancien nom de Jupiter et Antiope, car selon la mythologie grecque et Ovide, Jupiter s'était lui-même transformé en satyre, afin de violer la nymphe Antiope. Cependant, aucun mythe antique de jeune fille endormie et violée par un satyre ne concerne Vénus.
« Selon Vasari, ce chef-d’œuvre aurait été peint pour le duc de Mantoue, qui avait l’intention de l’ofrrir à Charles-Quint. Mais il resta chez les Gonzague avec le Mercure instruisant Cupidon devant Vénus, aujourd’hui à la National Gallery de Londres. Les deux oeuvres passèrent en 1628 dans la collection de Charles 1er d’Angleterre; Mazarin acheta l’Antiope, que ses héritiers vendirent à Louis XIV. La beauté de l’œuvre réside surtout dans le nu. Corrège en fait plusieurs études préparatoires, dont la très belle sanguine à Windsor. Sur le bleu de la draperie le corps de la nymphe attire toute la lumière du tableau. Des ombres légères adoucissent les contours, leur donnent une mollesse abandonnée. Le raccourci de la tête est particulièrement remarquable et accentue l’effet d’un corps inconscient qui a perdu la coordination de ses gestes. L’ Antiope est l’image même du sommeil, comme est le symbole de la douceur du corps féminin. Tout a été dit sur la grâce du Corrège, sur sa morbidezza, sur son art de traduire le charme de la femme. Si le dix-huitième siècle français, le siècle de Boucher et de Fragonard, a tellement aimé le peintre Parme, c’est qu’il est avant tout le peintre qui exalte le triompe de la féminité. »
Antiope et Jupiter
Antiope est la très jolie fille du régent de Thèbes, Nyctée ou la fille du dieu-fleuve Asopos. Zeus comme à son habitude rusa pour obtenir l’amour de cette jeune et belle fille. Il prit la forme d’un satyre (selon Ovide, dans ses Métamorphoses) pour abuser d’elle pendant son sommeil sur le Mont Kithairon. A son réveil se trouvant enceinte, elle prit peur de la colère de son père et décida de s’enfuir à Sicyone où elle épousa le roi Epopée. Désespéré, son père se suicida, mais demanda à son frère Lycos de punir Antiope. Lycos attaqua Sicyone, tua Epopée et fit prisonnière Antiope. Sur le trajet du retour, à Eleuthères Antiope mis au monde des jumeaux, Amphion et Zéthos que Lycos abandonna et furent recceullit par deux bergers.
A Thèbes, Antiope fût encahînée par Lycos et traité comme une esclave par la femme de celui-ci, Dircé. Elle dut subir pendant des années les mauvais traitements de Dircé qui était jalouse d’elle. Un jour comme par miracle ses liens se défèrent et elle réussit à rejoindre ses enfants devenus adultes. D’abord ils ne la reconnurent pas et la livrèrent à Dircé. Mais des bergers qui les avaient recueillis leur révélèrent leur origine. Les jumeaux décidèrent de rejoindre Thèbes pour délivrer leur mère des griffes de Dircé. Ils tuèrent Lycos et attachèrent Dircé par les cheveux aux cornes d’un taureau sauvage qui la traîna sur les rochers. A cet endroit, jaillir une fontaine qui porta son nom. Et montèrent sur le trône de Thèbes après avoir chassé le futur roi, Laïos.
Dionysos (dieu du vin et de la fête) agacé de la mort de Dircé et ne voulant pas laisser ces meutres impunis, pour la venger, rendit folle Antiope qui erra à travers toute la Grèce avant de tomber sur Phocos, un de ses petits fils la guérit, et Phocos l’épousa.
Le thème d’Antiope et Jupiter n’existe pas dans la période de l’Antiquité, mais éclate durant la période dite Moderne. L’iconographie est assez difficile à analyser car il s’agit d’un satyre et d’une nymphe, il faudra donc que les attributs de Jupiter soit mis en avant pour pouvoir identifier la scène.
En règle générale Jupiter est placé derrière la nymphe qu’il veut surrprendre. Jupiter et Antiope permet aux artistes d’exprimer le désir sexuel sous une forme bestiale.
La Nimphe Antiope
Antoine Corege pinxit
Pierre-François Basan [Paris, 1723 - 1797] excudit
Vers 1860, Estampe
LA VENUS DU PARDO
TIZIANO VECELLIO, Tiziano Vecelli ou Tiziano da Cador, plus communément appelé TITIEN ou le Titien en français [Pieve di Cadore, vers 1488 - Venise, 1576]
Jupiter et Antiope, dit La Vénus du Pardo
Entre 1535 et 1560, Huile sur toile, 196 x 385 cm
Paris, Musée du Louvre
Le sujet exact de ce tableau est un peu mystérieux. Erwin Panofsky propose d’y voir une représentation allégorique des trois formes de la vie, vita activa, symbolisée au premier plan à gauche par le chasseur et son chien, vita voluptaria, symbolisée par le couple de droite, soit Vénus, soit une nymphe découverte par un satyre, vita contemplativa ou speculativa, figurée par le couple assis entre le chien et l’arbre, silencieux et méditatif.
Mais le thème de la chasse excède le seul personnage de gauche : tourné vers un autre chasseur dont on ne distingue que le buste et le cor, il lui indque la scène du fond à droite, où se prépare la curée. Sur l’arbre central, Cupidon ajustant son arc en direction du satyre reprend, dans un sens érotique, le motif de la chasse. Quant au couple assis, on en trouve la réplique au second plan, sous le carquois de Cupidon.
Ne faut-il pas voir là plutôt une opposition assez brutale enre "l'avant" et "l'après" ? Avant, à gauche, il y a le temps de la chasse, de la séduction, de la conversation ; après, à droite, vient le moment de la consommation, dont le premier plan offre une représentation séduisante (Jupiter et Antiope), et l’arrière-plan la révélation sanglante (la curée).